
Un rêve de paysagiste : primé au Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire
Être sélectionné, puis récompensé au prestigieux Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire : c’est un rêve pour tout paysagiste concepteur. En 2025, ce rêve est devenu réalité pour moi.
Le thème de cette édition — « Les contes et légendes racontés au jardin » — m’a instantanément inspiré. L’idée s’est imposée d’elle-même : puiser dans l’imaginaire breton, une source chère à mon cœur.
Mais je ne voulais pas revisiter les récits déjà très connus comme ceux de Brocéliande, Merlin ou le roi Arthur. J’ai choisi d’explorer des légendes plus discrètes, plus intimes : celles qui ont bercé mon enfance. Ces contes peuplés de korrigans, de fées, et de l’Ankou, je les lisais gamin, le soir, dans mon lit. Ils me faisaient rire, parfois frissonner, et m’emmenaient à chaque fois dans un univers fascinant et mystérieux.
Concevoir un jardin autour de ces souvenirs, mêlant paysagisme, poésie et fantastique, et le présenter dans un cadre aussi renommé que Chaumont-sur-Loire, relevait presque de l’impossible. Et pourtant, l’annonce du thème a tout déclenché.







4 univers, un jardin
- La forêt mystérieuse et sauvage, où règnent les korrigans, petits êtres espiègles cachés sous les frondaisons denses.
- La lande, vaste étendue battue par les vents, abrite des figures plus sombres et furtives : le Bugul Noz, les korils et courils. Près des pontons, les sponthails — créatures facétieuses — attendent les visiteurs les plus attentifs.
- Les prairies et les prés, plus lumineux, sont le territoire des teuz et des poulpiquets, esprits souvent farceurs mais rarement méchants.
- Enfin, le royaume de la mort se dresse autour d’un dolmen massif. C’est le domaine des boléguéans, de l’Ankou – figure emblématique de la mort en Bretagne – et des Lavandières de la nuit, qui hantent un lavoir inquiétant.
L’entrée et la sortie du jardin sont marquées par de grandes arches en chêne, symbolisant le passage d’un monde à l’autre, comme un seuil vers l’invisible.
Partout dans le jardin, de petits habitats sont dissimulés : cabanes, nids, abris… autant de traces suggérant la présence des créatures légendaires. Il ne reste plus aux visiteurs qu’à les découvrir, en laissant leur imagination les guider.







Des habitats pour les korrigans mais pas seulement…
Ces petits habitats, disséminés dans le jardin, ne sont pas seulement une évocation poétique des créatures légendaires : ils symbolisent aussi la faune discrète et essentielle qui peuple nos paysages. Ce parallèle est volontaire et constant. Les korrigans, teuz et autres figures fantastiques deviennent ici les gardiens symboliques d’un monde naturel fragile, que nous partageons avec d’innombrables espèces, visibles ou invisibles.
Ce jardin invite à les imaginer, mais aussi à les respecter. Marchons dans ces lieux comme des invités : avec attention, discrétion et humilité.





